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Photo du rédacteurMaude Durand

Les femmes et le plastique : rouler vers un horizon bleu 💙🌍

Dernière mise à jour : 10 juin




Article rédigé en collaboration avec Organisation Bleue dans le cadre de la Semaine de l'océan Québec 2024


 

Il est bien connu que l'accumulation des déchets plastiques dans les décharges, l'environnement et les océans constitue une menace sérieuse pour les écosystèmes à l'échelle mondiale. Cette pollution plastique a des répercussions néfastes à la fois sur l'environnement, mais aussi sur la santé humaine. À cet effet, un sujet qui préoccupe de plus en plus est que l'omniprésence du plastique dans les produits de la vie quotidienne pourrait affecter particulièrement la santé des femmes.


Qu'est-ce qui justifie ces inquiétudes ? D'abord, les femmes sont souvent plus exposées aux polluants plastiques en raison de leurs responsabilités domestiques, de leurs choix professionnels et des pressions sociales qui pèsent sur elles. Cette exposition accrue peut les rendre plus vulnérables aux effets néfastes sur la santé. De plus, les femmes semblent avoir une réaction biologique plus forte aux produits chimiques contenus dans les plastiques, comme les perturbateurs endocriniens, ce qui peut aggraver les risques pour leur santé reproductive et générale.


Bien que les recherches soient encore en jeunes et que de nombreuses questions demeurent sans réponse, il est évident que ce sujet nécessite toute notre attention afin de mieux comprendre et protéger la santé des femmes face à la pollution plastique.


Photo capturée par Maude Durand, lors d'une expédition dans l'Arctique sur une île inhabitée


Une exposition plus importante aux sources de contamination

De prime abord, les sources d'exposition et les risques particuliers auxquels les femmes sont confrontées semblent déséquilibrés en raison de normes sociales préexistantes.


Au Canada, les femmes consacrent en moyenne 63% plus de temps que les hommes aux tâches ménagère, comme la préparation des repas, le nettoyage intérieur et la lessive.


Les produits courants

De nombreux produits courants, comme les produits de nettoyage, les cosmétiques et les articles d'hygiène personnelle, contiennent des plastiques et des produits chimiques nocifs tels que les phtalates et le bisphénol A (BPA). Lorsque ces substances sont utilisées, elles peuvent se dissoudre, se disperser ou être émises, entraînant un contact direct avec la peau ou l'inhalation de particules en suspension dans l'air. Parmi les cas d'utilisation les plus fréquents, on compte les produits de nettoyage, les lotions et les shampoings, souvent conditionnés dans des contenants en plastique contenant des microplastiques ou des additifs chimiques qui peuvent pénétrer dans l'organisme lorsqu'ils sont utilisés régulièrement. De plus, de nombreux produits d'hygiène, tels que les gommages pour la peau et les dentifrices, contiennent des microbilles, de minuscules particules de plastique qui peuvent être absorbées par la peau ou ingérées. Il est également à noter que les produits d'hygiène féminine, comme les tampons et les serviettes hygiéniques, présentent un risque, car ils contiennent souvent des composants en plastique et des additifs chimiques, exposant ainsi les femmes à une exposition prolongée aux plastiques.



Les emballages alimentaires

Parmi les sources d'exposition à risque, on compte également les emballages alimentaires en plastique, souvent utilisés pour conserver et réchauffer les aliments. Ces emballages peuvent contribuer à la migration de produits chimiques dans les aliments, en particulier lorsqu'ils sont exposés à la chaleur. En raison de leur implication dans la préparation des repas et la manipulation des aliments au sein des ménages, les femmes peuvent être plus vulnérables à l'exposition aux plastiques présents dans les emballages alimentaires.


Les professions

Enfin, les risques sont décuplés dans les professions à prédominance féminine, comme les soins de santé ou l'industrie des services, où les femmes sont souvent confrontées quotidiennement au plastique à travers des articles tels que les gants jetables, les emballages et les ustensiles, augmentant ainsi leur risque d'exposition.


En 2016, au Canada, les femmes occupent les trois-quarts des emplois rémunérés dans les professions de soins à autrui.


Ainsi, il est crucial de sensibiliser les femmes sur les risques associés aux produits chimiques nocifs présents dans les articles en plastique avec lesquels elles interagissent quotidiennement et de proposer des mesures pour atténuer ces risques.


Vulnérabilités inégales

En plus des inégalités sociales quant au taux d'exposition des femmes à la pollution plastique, il existe également des disparités au niveau des effets biologiques de cette exposition sur leur santé et leur bien-être. En effet, les substances chimiques couramment présentes dans les plastiques, telles que le bisphénol A (BPA) et les phtalates, posent des risques particuliers pour la santé des femmes. Ces substances peuvent imiter ou perturber les actions des œstrogènes naturels, constituant ainsi la forme la plus courante de perturbateurs endocriniens. Les perturbateurs endocriniens interfèrent avec les fonctions hormonales, entraînant des problèmes de santé reproductive tels que des cycles menstruels irréguliers, la stérilité et des complications pendant la grossesse. De plus, ils peuvent avoir des effets néfastes sur le développement fœtal, l'enfance, ainsi que sur le système neurologique et immunitaire. Certaines études ont même suggéré un lien potentiel entre l'exposition à ces substances et un risque accru de cancer du sein.


Le système endocrinien est un ensemble d’organes, de glandes et de cellules qui fabriquent des hormones et qui les libèrent dans le sang.


De plus, les femmes sont exposées à des risques plus élevés d'impacts cumulatifs, qui désignent les effets combinés et de plus en plus graves de l'exposition continue aux polluants plastiques sur la santé et le bien-être au fil du temps. En étant exposées de manière répétée aux substances chimiques présentes dans les plastiques, celles-ci peuvent s’accumuler dans l'organisme, un phénomène connu sous le nom de bioaccumulation. Cette accumulation de multiples expositions et les interactions entre différentes substances entraînent des conséquences importantes et souvent durables sur la santé. De plus, le fait que de nombreuses questions demeurent sans réponse concernant les mécanismes d'action des perturbateurs endocriniens, notamment leur interaction une fois dans l'organisme, suscite une inquiétude supplémentaire.


Au-delà des implications pour la santé physique, l'injustice environnementale due à la pollution plastique affecte de manière disproportionnée les femmes des communautés marginalisées, qui résident souvent dans des zones où la pollution est plus répandue. Cette exposition accentue les disparités en matière de santé et ajoute au stress émotionnel et psychologique que les femmes doivent déjà affronter, d'autant plus qu'elles sont souvent responsables du bien-être de leur famille.

Comprendre ces impacts met en lumière l'urgence de lutter contre la pollution plastique pour protéger la santé des femmes et promouvoir l'équité environnementale.


Des solutions au quotidien

Pour s'attaquer efficacement au problème omniprésent de la pollution plastique, nous pouvons, ensemble, prendre des mesures proactives. En effet, il existe de nombreuses solutions pratiques que toutes et tous peuvent mettre en œuvre dans leur quotidien.


Réduire sa consommation de plastique à la source

D’abord, nous pouvons commencer par réduire la consommation de plastique à la source. En choisissant consciemment des produits dont l'emballage plastique est minimal ou inexistant et en optant pour des articles réutilisables sans plastique comme les sacs à provisions, des bouteilles d'eau et les contenants alimentaires en fibres naturelles ou en métal, nous pouvons faire une différence tangible pour réduire la quantité de plastique qui se retrouvera dans les lieux d’enfouissement, dans l’environnement et jusque dans l’océan. En outre, en tant que femmes, nous pouvons choisir activement des alternatives naturelles ou écologiques en ce qui concerne les produits ménagers, cosmétiques et d'hygiène personnelle comme des solutions de nettoyage maison, les brosses à dents en bambou ou bien encore des coupes et des culottes menstruelles. 


S'engager pour un avenir durable

Les communautés féminines sont souvent sur les lignes de front lorsqu’on parle d'engagement communautaire, un volet essentiel pour apporter du changement et, dans ce cas, promouvoir un mode de vie sans plastique. Il existe de nombreuses initiatives pour soutenir la cause des femmes et de l'environnement. Notamment, l'Organisation Bleue, cofondée et dirigée par Anne-Marie Asselin, met de l’avant le travail des femmes et des communautés sous-représentées dans le domaine de la science et de l'environnement dans le but de mieux comprendre l'ampleur de la pollution plastique et de mobiliser les communautés pour la préservation et la conservation de notre planète bleue. L’Organisation Bleue a orchestré jusqu’à maintenant plus d’une centaine d’événements de nettoyage de berges et du littoral dans l’Est du Canada, lesquels ont contribué à retirer plus de 18 900 kg de déchets de l’environnement. 


Faire des choix quotidiens réfléchis

En préconisant des choix de consommation réfléchis, en soutenant les entreprises locales qui ont des pratiques écologiques, en participant aux efforts de nettoyage et en faisant pression pour des politiques environnementales qui encadrent mieux les pratiques et protègent la nature, nous pouvons toutes et tous contribuer de manière significative à la réduction de la pollution plastique ainsi qu’à la sauvegarde de l'avenir de notre planète.


Rouler vers un avenir bleu, sain et équitable

Ainsi, pour aborder le problème omniprésent de la pollution plastique, des mesures proactives et des efforts collectifs sont nécessaires. Chez Peaks & Barrels, nous croyons fermement en l'importance de la collaboration, notamment entre femmes, et de l'engagement communautaire pour faire avancer les choses, à la fois sur les plans politique, environnemental, culturel et sociétal. 


C'est dans cet esprit que nous avons pris l'initiative de joindre nos forces à celles de l'Organisation Bleue, dans le cadre de la Semaine de l'océan Québec 2024. Nous avons invité notre communauté à participer à un événement de roulade entre filles suivi d'un nettoyage festif des berges du St-Laurent, qui s'est tenu le samedi 1er juin au bassin KSF à Lasalle. Nous sommes très fières d’annoncer que cet événement a été un franc succès et a engendré les retombées suivantes :


  • Plus d'une cinquantaine de bénévoles ont participés aux événements de la journée

  • Près de 100 kilos de déchets amassés en moins de 3 heures

  • Objets insolites trouvés 👉 2 chaises patios ⛱️

  • Plus de 6 partenaires dont Héritage Laurentien, Sun Bum, Taiga Board et Maple 3 se sont également alliés à la cause


C’est donc la preuve que, en unissant nos forces, nous pouvons jouer un rôle central dans la protection de notre planète et la promotion d'un mode de vie durable. Ensemble, faisons notre part pour un avenir bleu, sain et équitable, toujours avec le vent dans l’toupet!




 

SOURCES

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